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Critiques d'Art

  • L’expérience plastique d’ Ilham Laraki Omari est porteuse de densité et compacité singulières. L’authenticité et la qualité de sa recherche invitent à découvrir un univers artistique profondément réfléchi. Sa dernière exposition « Souffle » (déclinée en trois volets ; « Incandescence », « Tasbih » « Le Temps ») a constitué un tournant majeur dans sa recherche. L’artiste a donné à voir des compositions abstraites en peinture à l’huile sur toile…mais elle a aussi exposé des sculptures mobiles (installations) en utilisant le bois, le métal, le plexiglas, le fil tissé sur bois, le bois peint fixé sur toile peinte,…Une volonté d’exploration esthétique libérée des corsets académiques a été affirmée ainsi par l’artiste. Une « démarche de synthèse » articulée autour d’œuvres relevant de l’ « art moderne » et d’autres relevant de « l’art contemporain ».

    Par ailleurs, on ne peut parler du travail d’ Ilham Laraki Omari sans évoquer la notion du mouvement. « Mon travail est celui de saisir le mouvement. Oui, je pense que je cherche à attraper l'énergie dans sa genèse », affirme l’artiste. Au-delà de leur signification profonde, ces deux pensées sont « traduites » par l’artiste sur le plan technique. Le mouvement est d’abord présent au niveau des sculptures mobiles. Les visiteurs sont invités à faire actionner des mécanismes (sablier, chapelet, boule en bois glissant dans des spires métalliques,….) C’est une démarche de l’art contemporain...où bien souvent le sens de l’œuvre se construit avec la participation concrète du visiteur.

    Par contre, dans ses toiles l’illusion du mouvement est quasi perceptible dans des œuvres qui donnent à voir une composition giratoire. L’artiste est une des rares plasticiennes à intégrer un effet d’animation visuelle de ce genre. La sensation est servie par une maitrise des effets de profondeur et de volume. Une démarche qui rappelle l’équation « esthétique/cinétique » qui caractérise déjà ses sculptures mobiles.

    L’œuvre « A l’infini » rend parfaitement cette impression optique du mouvement qui est parfois accompagnée de la sensation d’images sonores. En effet, la charge chromatique et spirituelle du flamboiement et de l’incandescence - un monde en genèse - peut susciter un afflux d’images sonores dans l’imaginaire du spectateur. Il est mis en situation de deviner ou pressentir le crépitement des flammes, les grondements lointains et profonds des plaques tectoniques de l’asthénosphère, le vrombissement sourd et métallique d'une coulée de lave, …ou tout simplement avoir le ressenti d’un «silence sidéral » »… face aux spirales galactiques.

    La dimension spirituelle de l’œuvre est prégnante. L’artiste partage avec nous son émerveillement face à toute création divine, de l’infiniment petit à l’infiniment grand comme elle l’exprime. Le plus intéressant dans cette expérience est qu’Ilham Laraki Omari va au-delà des déclinaisons personnelles et intimes de la spiritualité. Elle s’adresse au fondement spirituel et mystique partagé de d’humanité, à son socle commun. Elle est dans une démarche d’induction remontant du singulier au général. Elle exprime des préoccupations pouvant être partagées par toutes les cultures. C’est cette dimension qui, par ailleurs, rend son travail accessible au public de ces nombreux pays où elle expose. Europe, Asie, Amérique du Nord, Moyen Orient,….

    –Azdine Hachimi Idrissi

    –Artiste peintre Chercheur