Le temps, Ilham Laraki Omari le questionne et le met en scène à travers des installations d’une force fulgurante, qui secouent dans la chair. L’artiste invite ainsi le spectateur à interagir avec l’œuvre, notamment en actionnant la manivelle d’un sablier dont les sables se déversent brusquement, d’un seul coup. Renversez le sablier : le temps s’écroule sous vos yeux. Et vous ne manquerez pas de tressaillir à cette échappée vive. Nous ne ressortons pas indemnes de cette expérience qui nous renvoie à une irrémédiable impuissance, celle de l’éphémère, de notre finitude, celle du corps pris dans une trame impossible. Irrémédiable ? Peut-être pas tout à fait. Car, cette évanescence existentielle, l’artiste la retraduit force et beauté dans de fascinantes mises en scène. Suivez le mouvement de ces rouages tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et mimant comme un vertige soufi : vous sentirez sûrement naître en vous, prendre place en vous, cette lumière qui en surgit. Lumière qui jaillit d’une quête à contre-courant, à l’envers du cours du temps.
Les tracés calligraphiques eux-mêmes, illisibles au premier regard, miment, graciles silhouettes tournant dans la vaste étendue d’un désert de lumière, cette longue marche vers quelque vérité, quelque réponse suprême à l’emprise du temps.
Seule cette quête a du sens. Une quête qui exile tant elle convoque tout de soi. Quête dans la lecture des traces, celles du bois d’un tronc d’arbre où les ans eux-mêmes se déroulent chapelet.
– Bouthaina AZAMI
– Ecrivaine, critique d’art et journaliste
« Le temps, je ne saurai en parler qu’à travers mes œuvres ; au moment où il faut placer des mots pour le cerner, il n’y est plus »
– Ilham Laraki Omari