Inspiration. Expiration. Le pinceau scande incantation dans la toile, dans un mouvement pendulaire saisissant où se joue une sorte de désincarnation, dans l’oubli de soi. L’artiste elle-même dit d’ailleurs qu’elle s’absente, peu à peu, dans cette incantation, plonge dans un état second. Elle sculpte des lignes et lettres comme des cernes marqués dans le bois des arbres, ou traversent déroutantes, enivrantes spirales, le cercle lumineux enfanté dans la toile.
Lumière mystique, oui. L’artiste est dans une approche dont on trouve trace dans toutes ses œuvres. La quête d’un temps hors le temps, d’une vérité suprême qui arrache au temps en relativisant son emprise. Il n’y a nulle rupture, en effet, dans le parcours d’Ilham Laraki Omari. Au contraire. Et l’évolution de cette exploration qu’elle mène et qui se décline cercles et graphies ne s’en fait que plus poignante. Car c’est une véritable dramaturgie qui se met en scène dans cette évolution. Celle du temps, justement. Qui nous condamne. Qui nous échappe. Se joue de nous.
Dans ces œuvres ilham Laraki Omari effectue perpétuel pèlerinage dans les sillons qu’elle esquisse, y grave son être, son dévouement, des lettres s’élevant en écho spirituel, les doigts de l’artiste épelant sublime prière dans la toile. Une prière en offrande, une éternelle adulation.
« L’émotion est l’étincelle source de mon inspiration, elle peut naître d’une friction interne des sentiments, comme le feraient des mouvements brusques du foyer d’un épicentre de la terre, ou de l‘odeur d’une terre arrosée par une première pluie d’hiver, par l’univers et son sublime fonctionnement, le tempo des jours et nuits, le nombre d’or d’un tournesol, par ces moments où je sens le temps en suspension car submergée par une profonde admiration et gratitude de l’infini des créations divines qui nous entourent, à commencer par nous-mêmes, de l’infiniment petit à l’extraordinairement grand, cet ensemble-là m’inspire, me laisse sans voix, je l’exprime alors à travers la peinture. »
– Bouthaina AZAMI
– Ecrivaine, critique d’art et journaliste
« Le Créateur unique est Dieu. Nous ne faisons que nous inspirer de l’infini de sa création. Tout existe déjà. On s’inspire de ce qui est déjà là et tout mon être remercie Dieu à chaque instant, chaque respiration, à chaque battement de cœur, j’espère que ces œuvres continueront à battre ce tempo dans le temps… »
– Ilham Laraki Omari